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De son immense gloire ils sont environnés,
Quand par un autre objet tout à coup détournés,
Ce juste à leurs regards n’est plus reconnaissable.
Sans beauté, sans éclat, ignoré, méprisable,
Frappé du ciel, chargé du poids de nos malheurs,
Le dernier des humains, et l’homme de douleurs,
Avec des scélérats, ainsi que leur complice,
Comme un agneau paisible on le mène au supplice.
Quel autre que le Dieu qui dévoile les temps
Présentait à leurs yeux ces tableaux différents ?
Ils nous font espérer un maître redoutable,
Le prince de la paix, le Dieu fort, l’admirable !
Son trône est entouré de rois humiliés,
Ses ennemis vaincus frémissent à ses pieds :
Son règne s’étendra sur les races futures.
Sa gloire disparaît, et couvert de blessures,
C’est le pasteur mourant d’un troupeau dispersé.
En contemplant celui que ses mains ont percé,
Saisi d’étonnement un peuple est en alarmes :
La mort d’un fils unique arrache moins de larmes.
David qui voit de loin ce brillant rejeton,
Plus sage, plus heureux, plus grand que Salomon,
Du sein de l’éternel sortir avant l’aurore,
Dans l’horreur des tourments David le voit encore.
Du roi de Babylone admirable captif,
A deux objets divers Dieu te rend attentif.
Elevé sur son trône, à son fils qui s’avance
Il donne à haute voix l’empire et la puissance.
Mais tout change à tes yeux : ce fils est immolé ;
Le christ est mis à mort, le lieu saint désolé :