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Des maux que nous craignons, pourquoi nous assurer ?
L’incertitude au moins nous permet d’espérer.
N’importe : les destins que le ciel nous prépare,
A notre impatience il faut qu’il les déclare,
Et s’ils ne sont écrits dans le cœur d’un taureau,
Nous irons les chercher dans le vol d’un oiseau.
Ô sagesse d’Athènes ! ô gravité de Rome !
Ô délire honteux de la raison de l’homme !
Où va-t-elle quand Dieu cesse de l’éclairer ?
A d’ignorants hébreux il daigne se montrer :
Ce seul coin de la terre est sauvé du naufrage.
C’est Dieu, qui par amour en écarte l’orage.
L’ordre des éléments se renverse à sa voix ;
La nature est contrainte à s’écarter des lois
Qu’au premier jour du monde il lui dicta lui-même,
Mais que change à son gré sa volonté suprême.
Ce peuple si sincère attestant aujourd’hui
Les prodiges nombreux que le ciel fit pour lui,
Dans ses solennités en garde la mémoire.
Je pourrais dans mes vers en retracer l’histoire.
L’on y verrait encor la mer ouvrir ses eaux,
Les rochers s’amollir, et se fondre en ruisseaux,