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s’avance, et n’est plus un brigand :
C’est l’heureux fondateur d’un empire puissant,
Que d’un nouvel empire alarme la naissance.
Provinces, nations, royaumes, tout commence.
La terre sur son sein ne voit que potentats,
Qui partagent sa boue en superbes états :
Et sur elle on prépare aux majestés suprêmes,
Pourpres, trônes, palais, sceptres et diadèmes.
Mais lorsque par le fer leur droit est établi,
Le droit du ciel sur eux tombe presque en oubli ;
Et recherchant ce Dieu dont la mémoire expire,
L’homme croit le trouver dans tout ce qu’il admire.
De l’astre qui pour lui renaît tous les matins,
Ainsi que la lumière il attend ses destins.
Aux feux inanimés qui roulent sur leurs têtes,
Les peuples en tremblant demandent des conquêtes.
Des dons de leurs pareils, bientôt reconnaissants,
Ils adorent des arts les auteurs bienfaisants.
Devant son Osiris l’Égypte est en prière :
Vainement un tombeau renferme sa poussière ;
Grossièrement taillée une pierre en tient lieu.
D’un tronc qui pourrissait le ciseau fait un dieu.
Du hurlant Anubis la ridicule image
Fait tomber à genoux tout ce peuple si sage.
Je ne vois chez Ammon qu’horreur, que cruauté :
Le sacrificateur, bourreau par piété,
Du barbare Moloch assouvit la colère
Avec le sang du fils, et les larmes du père.
Près de ce dieu cruel, un dieu voluptueux
Honoré par un culte impur, incestueux,