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Qui suis-je ? Mais hélas ! Plus je veux me connaître,
Plus la peine et le trouble en moi semblent renaître.
Qui suis-je ? Qui pourra me le développer ?
Voilà, Platon, voilà le nœud qu’il faut couper.
Platon ne parle plus, où je l’entends lui-même
Avouer le besoin d’un oracle suprême.
Platon ne parle plus, quel sera mon secours ?
Il faut donc me résoudre à m’ignorer toujours.
Dans ce nuage épais quel flambeau peut me luire ?
Dans ce dédale obscur quel fil peut me conduire ?
Qui me débrouillera ce chaos plein d’horreur !
Mon cœur désespéré se livre à sa fureur.
Vivre sans se connaître est un trop dur supplice :
Que, par pitié du moins, la mort m’anéantisse.
Ô ciel ! C’est ta rigueur que j’implore à genoux.
Daigne écraser enfin l’objet de ton courroux.
Montagnes, couvrez-moi : terre, ouvre tes abîmes :
Si je suis si coupable, engloutis tous mes crimes ;
Et périsse à jamais le jour infortuné
Où l’on dit à mon père, un enfant vous est né.
De mon état cruel quand je me désespère,
Et sens avec Platon qu’il faut qu’un Dieu m’éclaire.
J’apprends qu’un peuple entier garde encor aujourd’hui
Un livre qu’autrefois le ciel dicta pour lui.
Ah ! S’il est vrai, j’y cours. Quelle route ai-je à suivre ?
Où faut-il s’adresser ? à quel peuple ? à quel livre ?
Si Dieu nous a parlé, qu’a-t-il dit ? Je le crois.
Pour chercher de ce Dieu la véritable loi,
Parmi tant de mortels je trouve à peine un guide.
Ensevelis hélas ! Dans un repos stupide,