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Non tu seras toujours par ta seule présence
ou notre désespoir, ou notre récompense.
Qui te pourra, grand Dieu, méconnaître à ces traits ?
Tu nous parles partout ; mais les hommes distraits
N’écoutent point la voix qui frappe leurs oreilles.
L’univers devant nous étale tes merveilles ;
Et nos yeux qu’à la terre attachent tes bienfaits,
Trop charmés d’eux, vers toi ne remontent jamais.
Quelque maître nouveau sans cesse nous entraîne,
et d’objets en objets notre âme se promène,
Tandis que de toi seul nous restons séparés.
Quel crime, quelle erreur nous a donc égarés ?
Nos malheurs, ô mon Dieu, seraient-ils sans ressource ?
Sondons leur profondeur, remontons à leur source :
Que l’homme maintenant se présente à mes yeux,
Quand je l’aurai connu, je te connaîtrai mieux.