Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je me pare des fleurs qui tombent de sa main ;
Il ne fait que l’ouvrir, et m’en remplit le sein.
Pour consoler l’espoir du laboureur avide,
C’est lui qui dans l’Égypte, où je suis trop aride,
Veut qu’au moment prescrit, le Nil loin de ses bords
Répandu sur ma plaine y porte mes trésors.
A de moindres objets tu peux le reconnaître :
Contemple seulement l’arbre que je fais croître.
Mon suc dans la racine à peine répandu,
Du tronc qui le reçoit à la branche est rendu :
La feuille la demande, et la branche fidèle,
Prodigue de son bien, le partage avec elle.
Des attraits de son fruit que ton œil enchanté
Ne méprise jamais ces plantes sans beauté,
Troupe obscure et timide, humble et faible vulgaire.
Si tu sais découvrir leur vertu salutaire,
Elles pourront servir à prolonger tes jours.
Et ne t’afflige pas si les leurs sont si courts ;
Toute plante en naissant déjà renferme en elle,
D’enfants qui la suivront une race immortelle :
Chacun de ces enfants dans ma fécondité,
Trouve un gage nouveau de sa postérité.
Ainsi parle la terre ; et charmé de l’entendre,
Quand je vois par ces nœuds que je ne puis comprendre,
Tant d’êtres différents l’un à l’autre enchaînés,
Vers une même fin constamment entraînés,
A l’ordre général conspirer tous ensemble ;
Je reconnais partout la main qui les rassemble,
Et d’un dessein si grand j’admire l’unité,
Non moins que la sagesse et la simplicité.