que lui rend Neptune, lorsqu’à son aspect il baisse son trident. Cependant ce poëme qui coûta vingt ans de travail à l’auteur, lui attira des brefs honorables de deux souverains pontifes, dans l’un desquels Léon X remercie la providence, qui a permis que l’église trouvât un si grand défenseur que Sannasar, dans un tems où elle étoit attaquée par tant d’ennemis. divinâ… etc. non qu’un pape si éclairé pût approuver l’abus que le poëte avoit fait des ornemens de la fable, ni penser que le Jourdain parlant de J C à ses nymphes, pût convertir les hérétiques et les incrédules ; mais parce qu’on a toûjours senti combien il étoit louable à un poëte de consacrer son travail à des sujets utiles, et sur-tout à la gloire de la religion.
J’avoue qu’en renonçant aux beautés brillantes de la fiction, il faut peut-être renoncer aussi au titre de poëte, et se contenter du rang de versificateur ; mais comme l’utilité des hommes doit être le principal objet d’un écrivain sage, je serois assez récompensé de mon travail, si ma versification contribuoit à imprimer plus facilement dans la mémoire, des vérités qui intéressent tous les hommes. Quelquefois même la versification est gênée par la matiere, qui ne permet pas qu’on se livre à toute son imagination, et dans laquelle on doit même sacrifier, quand il le faut, les ornemens, à la justesse du raisonnement.
Ce fut le seul amour de l’utilité publique, et non l’ambition de passer pour poëte, qui engagea le c