Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée

humain, en ont aussi montré la foiblesse ; puisqu’ils se sont égarés comme les autres, quand ils ont voulu passer les bornes que Dieu a prescrites à notre curiosité. L’homme peut-il seulement sçavoir la cause de la pesanteur ? Sçait-il comment se fait la digestion ? Connoît-il la cause de la fiévre, et la vertu du quinquina ? Tout est voilé pour lui dans la nature ; mais il y met encore un nouveau voile, s’il éteint le flambeau de la religion. Pourra-t’il m’expliquer pourquoi il n’est qu’ignorance ? Pourquoi la terre est pleine de désordres et d’imperfections ? Ou Dieu n’a pas voulu rendre son ouvrage plus parfait, ou il ne l’a pû. Des deux côtés le déiste trouve un abîme, tandis que moi pour qui la foi leve un coin du voile, j’en vois assez pour n’être plus dans les ténébres. La religion, en m’apprenant les causes de tous les désordres et de nos malheurs, m’apprend à mettre ces malheurs à profit, et me montre que notre ignorance, peine du péché, doit nous engager à ne pas perdre un tems si court dans les recherches inutiles. Une religion qui me répond plus clairement que la philosophie, et qui se suit avec tant d’ordre, ne peut être une invention humaine. Je n’ai plus de doute, et ma raison n’en trouve point la lumiere contraire à la sienne : mais ces deux flambeaux se réunissent, et ne font qu’une clarté pour moi.


Chant VI.

Après avoir combattu les athées dans le premier chant, et les déistes dans les quatre suivans ; j’attaque dans le dernier ceux qui ne sont incrédules que par lâcheté. Leur opposition à croire ne vient que de leur opposition à pratiquer : ils feroient à la religion le sacrifice de leurs lumieres,