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me renvoie à eux ; les chrétiens, pour me faire connoître l’antiquité de leur religion, me renvoient aux juifs, et les juifs me renvoient à leurs livres sacrés. Le misérable état de ce peuple, et son obstination à attendre un messie, sont les preuves vivantes du livre qu’il conserve avec tant de soin. Ce livre m’explique l’énigme que la raison n’avoit pû pénétrer. Ce livre m’apprend ensuite l’histoire de la naissance du monde, et celle du peuple favorisé de Dieu. Tandis que tous les autres s’égarent dans l’idolatrie, l’idée pure d’un seul être reste chez ce peuple plus ignorant que les autres : mais une protection visible le sauve du naufrage. Dieu le rappelle sans cesse à lui, ou par des miracles, ou par des prophètes ; je m’arrête à ces prophètes. Surpris de leurs prédictions, ainsi que des figures aussi claires que les prophéties ; je reconnois un dieu toûjours occupé de son grand ouvrage, qui tantôt nous le fait annoncer par des hommes qu’il inspire, et tantôt nous le fait envisager de loin dans des images si ressemblantes.


Chant IV.

La venue d’un libérateur tant de fois prédit et figuré, est le sujet du quatriéme chant. L’enchaînement des révolutions des empires avec l’établissement de la religion chrétienne, en prouve la divinité.

Son histoire est celle du monde, parce que Dieu, par l’unité de son dessein, rapporte tous les événemens à son grand ouvrage. La réunion de presque tous les empires à l’empire romain, si favorable au progrès de l’évangile, conduit à la paix générale de la terre sous Auguste. Cette paix prépare les payens