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Chant II.

La nécessité de se bien connoître soi-même pour bien connoître Dieu, conduit au second chant : j’imite le langage d’un homme, qui après avoir perdu ses premieres années dans des études frivoles, veut faire la plus importante des études, qui est celle de soi-même. J’ouvre les yeux sur moi, et je suis étonné des contrariétés que j’y trouve. Qui suis-je ? Mon bonheur ne peut être ici bas, puisque j’y dois rester si peu. Quand j’en sortirai, où irai-je ?

Mon ame est-elle immortelle ? Ma raison m’en donne des assurances que je saisis avec joie ; cependant comme je crains que mon intérêt à croire une vérité si consolante, ne m’en ait fait trop aisément recevoir les preuves ; je veux m’instruire de ce que la raison a dit aux plus fameux philosophes de l’antiquité. Je les vois tous divisés entr’eux, par des systêmes qui ne m’expliquent rien. Platon me contente plus que les autres ; mais quand je lui demande la cause de mes malheurs, il se taît.

Ces philosophes ont connu notre misére, et tous en ont ignoré la cause. Le silence de la raison m’allarme ; je suis prêt à me désesperer, lorsque j’apprens que Dieu a parlé aux hommes. Quel est ce peuple dépositaire de sa parole ? La raison qui m’a fait sentir la nécessité d’une révélation, m’anime à la chercher.


Chant III.

Cette recherche est la matiere du troisiéme chant. Deux religions partagent presque toute la terre, la chrétienne et la mahométane. Mahomet en avouant qu’il n’est venu qu’après J C par cet aveu favorable aux chrétiens,