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pensée est l’abrégé de tout ce poëme, dans lequel j’ai souvent fait usage des autres pensées du même auteur, aussi-bien que des sublimes réflexions de M De Meaux sur l’histoire universelle.

En suivant ces deux grands maîtres, j’ai choisi les deux grands hommes qui ont écrit sur la religion de la maniere la plus convaincante, la plus noble et la plus digne d’elle.

Quoique chaque chant contienne une matiére différente, et fasse, pour ainsi dire, un poëme particulier ; ils doivent tous cependant répondre au dessein général, et être liés ensemble, de façon que le premier amene le second, celui-ci le troisiéme, et ainsi des autres.


Chant I.

La vérité fondamentale de toutes les autres vérités, est l’existence d’un dieu.

Elle fait le sujet du premier chant. J’en tire la preuve des merveilles de la nature, et de l’harmonie de toutes ses parties, qui concourant à la même fin, font voir l’unité du dessein de l’ouvrier. Je montrerai dans la suite, que cette même unité de dessein régne aussi dans l’établissement de la religion ; parce que ces deux grands ouvrages ont le même auteur. L’idée que nous avons d’un dieu me fournit la seconde preuve. Cette idée est commune à tous les hommes, qui n’ont couru après les fausses divinités, que parce qu’ils cherchoient la véritable. Ainsi l’idolatrie me fournit une nouvelle preuve. La derniere est prise de notre conscience intérieure, et de la loi naturelle, qui avant toutes les autres loix a toûjours forcé les hommes à condamner l’injustice, et à admirer la vertu.