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avons été trop heureux de trouver dans la présidence de Thuriot, le prodige d'un robinet si intarissable de paroles, pour répondre aux comphments des quarante-huit sections ; mais où en serions- nous s'il y avait dans l'Assemblée sept cents robinets semblables ? » S'd ne parla pas, il écrivit ; et dans deux circonstances décisives : la première contre les Girondins ; la seconde, en composant le Vieux Cordelier. La lutte entre la Gironde et la Montagne

tragédies. Vous égorgez tous les personnages de la pièce et jusqu'au souffleur : vous ignorez donc que le tragique outré devient froid ? Vous m'allez dire que cinq ou six cents têtes ne sont rien, quand il est question de sauver vingtsix millions d'hommes, que Durozoy, dans la Gazette de Paris, crie tous les jours aux ci-devant nobles : « Liguez » vous, prenez les casques, les cuissards, les épées rouil » lées de vos ancêtres, égorgez toute la nation ; » qu'on ne peut tout au plus vous considérer que comme le Durozoy des patriotes, et que la Gazette de Paris est encore bien plus altérée de sang que V Ami du Peuple. J'en conviens, et je ne vous en improuve pas moins. Monsieur Marat, ne voulez-vous aussi combattre celui que vous appelez Sylla que comme Marius ? Cinq ou six cents têtes abattues !... C'est vraiment une proscription... Pour moi, vous savez qu'il y a longtemps que j'ai donné ma démission de procureur général delà Lanterne ; je pense que cette grande charge, comme la dictature, ne doit durer qu'un jour et quelquefoisqu'une heure. » M. Marat me laissa pérorer, et me réfuta eusuite d'un seul mot : « Je désavoue l'écrit : « Cen est fait de hocs. » — Alors ne voulant point lui céder en laconisme, je terminai ma mercuriale, comme ua procureur sa requête : « Et vous ferez bien. » (N° 37, 1790.)