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procès de Louis XVI, Camille y marque peu ; il ne parle guère (il bégayait, et avait la poitrine assez faible) ; à Legendre qui lui reprochait son silence, il répond, dans sa Lettre à Pillon : « Mais, mon cher Legendre, tout le monde n'a pas tes poumons. — Si vous n'avez pas des poumons, lui répond sévèrement Legendre, il fallait le dire au peuple, qui aurait donné vos dix-huit francs à un homme qui en eût. — Sans doute, Legendre, il faut des parleurs dans une assemblée, et après l'achèvement de la Constitution, nous

qu'il avait Fréron pour collaborateur, et le prospectus annonçait qu'ils avaient un moment pensé adjoindre à leur escadre le brûlot Marat, — oui, Marat en personne, mais ils espéraient le déflogistiquer tant soit peu. Marat leur avait répondu avec dédain :

« L'aigle va toujours seul, et le dindon fait troupe. »

Au reste, même au temps des Révolutions de France, Camille s'était toujours flatté de déflogistiquer Marat. Dans une circonstance singulière, Camille prétend même y avoir réussi. Juste dans le numéro qui suivit celui où il regrettait qu'on n'eût pas pendu Necker et Saint-Priest, Camille, avec sa mobilité naturelle, fait la guerre à Marat sur sa fameuse phrase tant de fois citée : « Cinq ou six cents têtes abattues vous auraient assuré repos, liberté et bonheur ; » (cela avait été publié dans un écrit intitulé : C'est fait de nous) et voici ce qu'il raconte d'une entrevue qu'il eut alors avec Y Ami du peuple :

« Monsieur Marat, lui dis-je en secouant la tète... cinq ou sixcents têtes abattues l vous m'avouerez que cela est trop fort. Vous êtes le dramaturge des journalistes : les Danaïdes, les Barmécides ne sont rien en comparaison de vos