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on laisserait subsister son ouste, le buste d'un homme vivant, n'a-t-on pas vu le colonel d'Ermigny et une poignée de soldats mettre ] e poing sous le nez à un magistrat en fonctions, crier au substitut de la commune qui requérait la levée de la séance, hue, hue, factieux, va -t'en ? Etrange renversement d'idées de cette soldatesque insultant et menaçant le magistrat sur son siège et appelant celui-ci factieux et perturbateur ! N'a-t-on pas vu alors les frères bleus essayer le 19 avril sur la municipalité de Paris ce que les frères rouges de Cromwell exécutèrent le 20 avril 1653 sur le long parlement ? »

Nous citerons encore un passage assez curieux, parce qu'il fait pressentir l'attitude que prendront plus tard Camille et Robespierre devant Clootz, Chaumette et autres apôtres de la déesse Raison :

« Je crains bien que le jacobin Manuel n'ait fait une grande faute en provoquant la mesure contre la procession de la Fête-Dieu *. Mon cher Manuel, les rois sont mûrs, mais

1 II semble pourtant que l'année suivante, en 1793, ces processions avaient lieu encore, car on lit dans Montjove, témoin non suspect (Histoire de la conjuration de Robespierre, édition de l'an IV, chez Maret, maison Egalité, p. 109), que le 30 mai 1793 : « pendant une cérémonie religieuse, que les catholiques faisaient extérieurement dans le quartier de Paris appelé de l'isle (l'Ile Saint-Louis'), des gens du parti de Robespierre s'écrièrent . « Il faut t mettre en état d'arrestation tous ceux qui suivent la pro-