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Le Conseil n'est composé que de ses créatures, excepté peut-être Grave, le ministre de la guerre. Il garnit toutes les places de ses suppôts. Cromwell en un mot après la victoire de Worcester, le conquérant de l'Irlande ou de l'Ecosse, ne disposait pas plus exclusivement des emplois civils et militaires, en faveur de ses partisans, que Lafayette et sa faction, et cependant la guerre est à peine commencée.

Et puis quels sont ces nouveaux parvenus ? Brissot nous disait hier aux Jacobins, qu'enfin le conseil du roi était patriote, qu'il ne nommait plus que des patriotes. On fait sonner bien haut que tout le ministère est jacobin, comme si tous les plus dangereux ennemis de la liberté n'étaient pas sortis des Jacobins. La société, dans ses bons mouvements, a déjà jeté deux écumes, celle de 89 et celle des Feuillants, et elle est à la veille d'en jeter une troisième. En attendant, je ne demande pas mieux que de juger le ministère par ses œuvres ; mais que peuvent augurer de favorable les gens de bien en voyant les nouvelles promotions ? Qu'on me montre un bon choix un peu important qu'aient fait les ministres quand le moins mauvais est Noël (rédacteur de la Chronique, c'est tout dire). Quels patriotes que Bonne-Carrère et Villars, renvoyés ensemble des Jacobins, et que le patriote Dumouriez vient de nommer ensemble ! Tel est directeur général des affaires étrangères qui faisait un métier si infâme que la pruderie de la langue ne permet pas de le nommer ; et tel est envoyé en ambassade