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faires de tous ceux qui font les siennes, comment Lafayette, depuis bientôt quatre ans, qu'il est à la tète de la Révolution, ne se serait-il pas fait un parti puissant ?

« Aussi l'a-t-on appelé très bien le "Warwick des ministres. C'est par lui que les nouveaux ont été nommés, et c'est pour lui qu'ils ont été nommés. lis ont été nommés pour faire la guerre, et ils ont fait la guerre pour l'élever à la dictature. Dernièrement il était à Paris, maçonnant dans l'assemblée nationale une coalition redoutable, formée des membres les plus opposés, Brissot et Beugnot, Jaucourt et Guaclet, Ramond et Yergnïaud, Dumas et Condorcet, Gensonné et Faucbet, Lacroix et Pastoret.

« La coalition n'a pas trouvé de lieu plus propre à tenir ses séances et qui éloignât mieux tous les soupçons que l'hôtel de la mairie. On a su éconduire et écarter de chez Péthion les patriotes dont la présence et la perspicacité étaient importune. On a persuadé à Péthion que Lafayette. et Narbonne étaient les plus fermes soutiens du parti populaire, et on le lui a si bien persuadé, qu'un jour que je lui disais à la maison commune : Il me semble que Lafayette et Narbonne veulent se mettre à la tête des Jacobins ; il m'a répondu d'un air où j'ai lu la surprise de me voir rencontrer sijuste : « Mais oui, je les crois avec « nous, sinon par patriotisme, au moins par « intérêt. »

« Toujours est-il sûr que Lafayette a une très grande influence aux Jacobins. Il domine dans l'Assemblée nationale par la coalition