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ceux de son parti qui avaient bien mérité de Lafayette, tels que Brissot, Condorcet, Fauehet. C'est qu'il n'a jamais distingué de quelle opinion on était, pourvu qu'on fût de ses partisans.

« Au contraire, je défie qu'on me montre un seul de ses ennemis déclarés qui soit arrivé au plus petit emploi. Il a placé, ou plutôt porté dans le ministère, le département, lamunicipalité, le corps diplomatique, l'assemblée nationale, ou l'armée tous ses aides de camp, ses amis, ses écrivains à gages, même ses mouchards, ses juges et ses coupe -jarrets.

« Voyez comme il est libéral envers Brissot, et cet échange de services entre eux ; comme à son tour il prête tout son crédit et sa puissance à Brissot qui lui a prêté son nom, dans les Jacobins, et a fait qu'on n'y appelle que les Brissotins (nom moins odieux et moins alarmant ;, ceux dont le véritable nom est Fayettiens. C'est à Brissot qu'il a remis la feuille des bénéfices. C'est lui qui fait la liste de Dumouriez, de Roland, de Charrières, c'est sur sa présentation qu'on nomme aux légations et à tous les emplois. Il faut avouer que cet intendant politique de Lafayette, s'acquitte fidèlement de son économat. Car parmi les nombreuses promotions qui viennent de se faire aux Jacobins, je ne crois pas qu'il y en ait eu une seule pour quelqu'un qui ne tienne pas à Lafayette. Il n'y a pas jusqu'aux places de président, de vice-président ou secrétaire des Jacobins, dont Brissot ou son parti ne fassent une recompense et une amorce ; en s'appliquant ainsi à faire les af-