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et mercredi à la Société. Fréron en rendra compte. Moi je reviens à Lafayette. Je crois voir que pour suivre sa haute destinée et pousser sa fortune, il a quitté le sentier du royalisme, et c'est par la grande route du patriotisme qu'il monte maintenant. Il fait annoncer partout que sa tente sera toujours à la tête du camp, que les officiers y trouveront toujours un couvert, mais à une table de Fabricius, qu'au-dessus flottera un drapeau immense aux trois couleurs. Il aura beau faire, dans cette couleur rouge, au-dessus de sa tente, les gens de bien, les vrais patriotes verront toujours le sang de Nancy et du Champ de Mars.

« J'ai laissé entrevoir quel dénoûment j'augure de la guerre. Je ne doute pas que la victoire ne demeure à la liberté ; mais combien elle va coûter cher ! Je pense que Lafayette n'effacera jamais assez de ses habits la tache du sang du peuple pour monter au protectorat ; cependant ceux qui ont fait la Révolution non pour l'agrandissement et la domination de quelques-uns, mais pour le bonheur et la liberté de tous, ne peuvent être sans inquiétudes, s'ils pèsent les considérations suivantes. Lafayette était bien {missantil y a un an, puisqu'un jour Voidel, e président du Comité des recherches, se disculpant du reproche de pusillanimité, avouait qu'à l'époque du 21 juin, il avait signé, sur la déposition de plus de cinquante témoins, l'ordre d'arrêter Bailly et Lafayette ; mais que cet ordre était demeure sans effet, tous les membres des deux Comités des rapports et des