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voir, on vient d'embarquer la nation dans une guerre aussi interminable pour la liberté par les victoires, que par la défaite des généraux. Je vois Lafayette sourire à sa devise : Cur non ? Pourquoi pas ? Depuis le premier acte, il s'est arrangé pour se trouver, au dernier, Monk ou Cromwell, selon les circonstances. Comme Dieu, il sera du côté des gros bataillons. Or, il n'est pas difficile de voir que la Constitution ne peut manquer de périr dans le cboc de la guerre, et que ce qui en sera brisé le premier, c'est la monarchie. Adieu les royalistes et les monarchistes ! Je suis de bonne foi, j'ai opiné contre la guerre, parce que je n'aime pas à acheter avec des flots de sang ce qu'on pouvait avoir sans coup-férir. Mais puisqu'ils ont voulu la guerre, je ne prends point assez grand intérêt à la monarchie pour me désoler de son renversement, Ïiourvu que sous les ruines de la Constitution a liberté reste debout. La confession de l'évêque Fauchet, que notre cher et féal Chabot nous a révélée dans la dernière séance des Jacobins prouve que bien des gens voient comme moi et que déjà Lafayette a fait sonder sur le protectorat l'élite des patriotes au Comité de surveillance. Il était trop fin pour le demander pour lui-même ; c'est le subalterne Narbonne qui a été mis en avant, et qui, par un sourire gracieux a fait pressentir dans une conférence à Madame C..., que le protectorat n'était pas de refus, le cas échéant, comme il résulte des pièces produites aux Jacobins. C'est une séance bien curieuse, bien instructive que celle des lundi

i. — c. DESÏIOUUNS. 3