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tion, où l'on ameuterait ainsi contre la liberté, non-seulement ses ennemis naturels, mais aussi les vices égoïstes et indifférents. Or, ces vices abondent ; « Paris n'est guère moins corrompu que Rome au temps de Jugurtha ; cette vérité est incontestable, puisqu'un des plus grands symptômes de corruption, c'est lorsqu'il ne s'élève point de grands caractères, lorsque toutes les âmes sont nivelées, sans physionomie, et comme des pièces de monnaie effacées par le frottement. Or tel est Paris, aussi stérile aujourd'hui que Rome était alors féconde en grands caractères ; ce qui est très heureux ; car on peut se promettre un dénoûment moins sanglant de nos discordes que celui des discordes de Marius et de S y lia. »

Etrange et honorable illusion, en février 1792 ! Le malheureux ne se doutait pas en écrivant cette brochure qu'il préparait d'avance un texte d'accusation mortelle contre Brissot et les brissotins ; il ne se doutait pas non plus qu'un jour la même indulgence pour le vice lui serait reprochée à lui et à Danton par un autre, et deviendrait leur arrêt de mort... En attendant, c'est Brissot qui réclame « la régénération des mœurs. » Camille, accusé, l'accuse à son tour, et chercheà démontrer que le rôle de puritain convient peu à Brissot. Il lui rappelle les fâcheuses imputations dont sa probité jadis a été atteinte ;