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« En même temps que, comme citoyen, Vadhère à cette Constitution, comme politique, je ne crains pas d'en assigner le terme pro chain. Je pense qu'elle est composée d'éléments si destructeurs l'un de l'autre, qu'on peut la comparer à une montagne de glace qui serait assise sur le cratère d'un volcan : c est une nécessité que le brasier fasse fondre et se dissiper en fumée les glaces, ou que les glaces éteignent le brasier. Ce n'est point là protester contre la Constitution. »

Cela y ressemble fort cependant, et Camille ne manque pas d'énumérer toutes les impossibilités de cette Constitution composée d'éléments discordants, trop monarchique et trop républicaine tout à la fois : l'assemblée législative, aussi bien que le roi, allait se charger de justifier ces critiques. Mais ce qui est moins juste, et où nous retrouvons malheureusement une des plus mauvaises dispositions de Camille et, il faut bien le dire, de son temps, c'est l'idée que toutes ces impossibilités ont été voulues, préméditées ; que ceux qui ont fait la Constitution, n'ont eu d'autre but que de la rendre impraticable, afin de ramener le rétablissement de l'ancien régime : accusation vraiment absurde, car s'il y a quelque chose de prouvé au monde, c'est la sincérité des principaux constituants, leur attachement à leur œuvre, leur confiance naïve qu'ils ont poussée jusqu'au plus inexplicable