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nous voyons Camille reparaître, et c'est par un discouis prononcé à la tribune des Jacobins l, on est frappé d'un changement qui ne se borne pas seulement au ton et au stjle de l'écrivain, mais qui semble d'abord s'étendre à ses idées mêmes. Ce n'est plus cette gaieté turbulente, effrénée, ces élans souvent désordonnés, cette verve toujours entraînante, même en ses plus grands écarts. C'est quelque chose de posé, de suivi, de mesuré même jusque dans la violence. Il débute par quelques réflexions assez inattendues sur le peu d'initiative de la nation, à qui on a cherché « à persuader qu'elle avait voulu être libre, pour lui faire chérir la liberté comme son ouvrage, » tandis, qu'en réalité, elle y songeait peu, et jamais n'eût entrepris la Révolution si elle n'avait été entraînée par un petit nombre de patriotes et servie surtout par les fautes de ses ennemis ; notons que Camille avait toujours dit le contraire, mais les contradictions ne l'embarrassent guère ; sa confiance avait baissé. « Partout beaucoup sont affranchis par peu ; mais l'art du législateur qui veut maintenir cet affranchissement, est d'intéresser la multitude à maintenir 1 ouvrage du petit nombre. C'est la marche que suivit l'As->

  • 2i octobre 1791. Discours sur la situation politique de la nation, à l'ouverture de la seconde session de l'Assemblée nationale, prononcé à la Société des Amis de la Constitution.