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ont réellement l’intention d’achever, de compléter l’œuvre de la liberté ? et cette licence que je me donnerais ne serait pas sans exemple dans la république, car le sans-culotte Aristophane parlait ainsi jadis au peuple d’Athènes, il lui disait la vérité et le laissait faire. Le sénat, les jacobins et les cordeliers lui en savaient gré. Avons-nous encore de vrais cordeliers, des sans-culottes et désintéressés ? n’avons-nous pas plus de masques que de visages à l’ordre du jour ? et si je les arrachais, ces masques trompeurs, peuple, que dirais-tu ? me défendrais-tu ? j’ignore si tu le ferais, mais je sais qu’il en serait besoin, et cette seule circonstance devrait montrer le danger et t’en faire connaître l’étendue ; j’ai commencé par parler d’Athènes, j’y reviens encore. La renommée de Solon est en honneur : ce fut lui qui donna des lois à cette république florissante, ce ne fut pas lui qui les exécuta, on eut même tort d’en charger son parent, cette seule circonstance donna trop de crédit à son nom ; la confiance des sans-culottes alla jusqu’à fournir à Pisistrate le pouvoir de les asservir en maître : ce fut un crime de lèze-majesté que d’avoir conspiré contre sa vie, et dès lors il fut tout à fait un tyran, il en sera ainsi toutes les fois que conspirer contre un homme ce sera conspirer contre la république ; toutes les fois que le peuple sera représenté par des citoyens connais-