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nement extraordinaire et presque féroce avec lequel certaines personnes l’ont poursuivi n’était pas commandé par Pitt, et ne venait pas, non de ce que Custines avait trahi, mais de ce qu’il n’avait pas assez trahi, de ce que le siége de Mayence avait coûté 32 mille hommes et celui de Valenciennes 25 mille aux ennemis ; en sorte qu’il eût suffi de sept à huit trahisons pareilles pour ensevelir dans leurs tranchées les armées combinées des despotes. Qu’on relise la suite des numéros d’Hébert et on se convaincra qu’il n’a pas tenu à lui de ramener une nation, aujourd’hui le peuple français, à ce temps où sa populace, ses aïeux déterraient à Saint-Eustache le cadavre de Concini, pour s’en disputer les lambeaux, les faire rôtir et les manger ; il n’a pas tenu de même à Hébert, en ce point comme on voit bien différent de Marat, que le peuple ne se disputât les lambeaux d’une multitude de cadavres. Je crois que les grandes joies du Père Duchesne en ont causé souvent de bien plus grandes à Pitt et à Calonne, comme, par exemple, lorsqu’il se permit d’écrire de la fermeture des églises et de la déprêtrisation, et de ce que des villageois fanatiquement prosternés, il y a un an, devant un innocent, pendu pour ses opinions, qu’ils appelaient le bon Dieu, aujourd’hui l’arquebusaient et le tiraient à l’oie comme s’il eût été coupable de leurs adorations. Je crois que plus d’une fois,