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le cadavre d’un condamné suicidé soit décapité ; car, Tibère disait : « Ceux des condamnés qui auront le courage de se tuer, leur succession ne sera point confisquée et restera à leur famille, sorte de remercîment que je leur fais pour m’avoir épargné la douleur de les envoyer au supplice. » Et c’était Tibère !

Je crois que la liberté est magnanime ; elle n’insulte point au coupable condamné jusqu’aux pieds de l’échafaud, et après l’exécution, car la mort éteint le crime ; car, Marat que les patriotes ont pris pour leur modèle et regardé comme la ligne de modération entre eux et les exagérés, Marat, qui avait tant poursuivi Necker, s’abstint de parler de lui du moment qu’il ne fut plus en place et dangereux, et il disait : « Necker est mort, laissons en paix sa cendre. » Ce sont les peuples sauvages, les antropophages et les cannibales qui dansent autour du bûcher. Tibère et Charles IX allaient bien voir le corps d’un ennemi mort ; mais au moins ils ne faisaient pas trophée de son cadavre ; ils ne faisaient point le lendemain ces plaisanteries dégoûtantes d’un magistrat du peuple, d’Hébert : Enfin j’ai vu le rasoir national séparer la tête pelée de Custines de son dos rond.

Je ne crois pas plus qu’un autre au républicanisme et à la fidélité de Custines ; mais, je l’avoue, il m’est arrivé de douter si l’achar-