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indéfinie de la presse, même dans un temps de révolution, quand j’ai vu Platon, cette tête si bien organisée, si pleine de politique, de législation et de connaissances des mesures, exiger pour première condition (en son Traité des lois, livre IV) que, dans la ville pour laquelle il se propose de faire des lois, il y ait un tyran (ce qui est bien autre chose qu’un comité de salut public et de sûreté générale), et qu’il faut aux citoyens un gouvernement préliminaire pour parvenir à les rendre heureux et libres.

Mais, quand même le gouvernement révolutionnaire, par sa nature, circonscrirait aux citoyens la liberté de la presse, la saine politique suffirait pour déterminer un patriote à se limiter à lui-même cette liberté. Je n’avais pas besoin de chercher si loin l’exemple de Cicéron, que je citais il n’y a qu’un moment. Quelle preuve plus forte de la nécessité de s’interdire quelquefois la vérité et d’ajourner la liberté de la presse, que celle qu’offre en ce moment notre situation politique !

Il y a tantôt trois mois que Robespierre a dit qu’il y avait des hommes patriotiquement contre-révolutionnaires, de même tous nos vétérans jacobins, vénérables par leurs médaillons et leurs cicatrices, tous les meilleurs citoyens, Boucher, Sauveur, Raffron, Rhull, Julien de la Drôme, Jean Bon Saint-André, Robert Lindet, Charlier, Bréard, Danton, Le-