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intempestives, funestes à la liberté, la république, gardée par des vices, est comme une jeune fille dont l’honneur n’est défendu que par l’ambition et par l’intrigue, on a bientôt corrompu la sentinelle.

Non, mon vieux profès, je n’ai point changé de principes ; je pense encore comme je l’écrivais dans un de mes premiers numéros ; le grand remède de la licence de la presse est dans la liberté de la presse ; c’est cette lance d’Achille qui guérit les plaies qu’elle a faites. La liberté politique n’a point de meilleur arsenal que la presse. Il y a cette différence à l’avantage de cette espèce d’artillerie, que les mortiers de d’Alton vomissent la mort aussi bien que ceux de Vandermersch. Il n’en est pas de même dans la guerre de l’écriture ; il n’y a que l’artillerie de la bonne cause qui renverse tout ce qui se présente devant elle. Soudoyez chèrement tous les meilleurs artilleurs pour soutenir la mauvaise cause ; promettez l’hermine et la fourrure de sénateur à Mounier, à Lally, à Bergasse ; donnez huit cents fermes à J. F. Maury ; faites Rivarol capitaine des gardes ; opposez-leur le plus mince écrivain, avec le bon droit, l’homme de bien en fera plus que le plus grand vaurien. On a inondé la France de brochures contre tous ceux qui la soutenaient ; le marquis de Favras colportait dans les casernes les pamphlets royalistes ; qu’est-ce que tout cela a