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Danton, elle vient de permettre, du moins de tolérer le mensonge et le calomniateur ! La liberté de la presse n’est restreinte, par le gouvernement révolutionnaire, qu’au royaliste et à l’aristocrate ; elle est entière pour le patriote prononcé. Apprends que Barère lui-même est partisan si déclaré de la liberté d’écrire, qu’il la veut indéfinie, constitutionnellement pour tout le monde, révolutionnairement pour les citoyens dont on ne peut suspecter le patriotisme et les intentions. Depuis que Barère m’a fait cette profession de foi, je m’en veux presque de la légère égratignure de mon numéro V ; car il est impossible, à mon sens, qu’un homme d’esprit veuille la liberté de la presse, qu’il la veuille illimitée, même contre lui, et qu’il ne soit pas un excellent républicain. Tout à l’heure, ta déclamation finie, j’aurai la parole à mon tour, et je démontrerai la sagesse et la nécessité de sa distinction révolutionnaire sur le maximum de la liberté de la presse pour les patriotes, et le minimum pour les aristocrates. Comme je pardonne à ta colère, en faveur de ce que son principe a de vertueux et de républicain, comme elle te suffoquerait, si un torrent de paroles, et comme la fumée de ce feu, dans la Convention, ne s’exhalait au dehors ; comme tu n’es point à la tribune des Cordeliers, ni en présence de David ou Lavicomterie, mais en présence de mes pénates tolérants et qui ne