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temps pour m'envelopper dans les filets de saint Pierre Le bon Bârardier, avant de prononcer les trois mots latins, les seuls que je lui demandais, fit un discours des plus touchants. C'était me faire trop d'honneur, que d'employer l'obsécration pour que j'écarte de mon journal tout ce qui ne tenait pas au civil et était étranger au patriotisme ; il me demanda en grâce la même déclaration que vient de faire l'Assemblée nationale, que je ne toucherais point au spirituel ; c'était gêner un peu la liberté des opinions religieuses, et porter atteinte à la déclaration des droits : mais, que faire ? je n'étais point venu là pour dire non. C'est ainsi que je me trouvai pris et engagé par serment de retrancher de mes numéros 1 article théologie. Sans avoir approfondi la question, je me doute bien que ce serment, accessoire au principal, n'est pas d'obligation aussi étroite que l'autre ; dans peu je pourrai mettre cette question à l'ordre au jour, dans mon conseil de conscience. »

D paraît que son conseil de conscience ne tarda pas à le défier de ce serment si contraire à ses habitudes ; car dans le numéro 59, où se trouve ce récit, Camille se permet force plaisanteries très voltairiennes : quant à l'autre serment, le principal, il semble l'avoir gardé avec une fidélité, que lui rendaient facile d'ailleurs la beauté ' de Lucile Desmoulins, les

  • Camille, lui, était assez laid. Dans sa lettre à Dillon, il raconte une conversation qu'il eut avec un de ses collègues