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vous ne vendiez pas mes numéros, dans la rue, plus cher que le Père Duchesne ne vend les siens à Bouchotte, c’est-à-dire 2 sous, à raison de huit pages, et 120,000 francs pour 1,200,000 exemplaires.


P. S. Miracle ! grande conversion du Père Duchesne ! « Je l’ai déjà dit cent fois, écrit-il dans un de ses derniers numéros, et je le dirai toujours, que l’on imite le sans-culotte Jésus ! que l’on suive à la lettre son Évangile, et tous les hommes vivront en paix… Quand une troupe égarée et furieuse poursuivit la femme adultère, il écrivit sur le sable ces mots : « Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » Quand Pierre coupa l’oreille de certain Philippotin, il ordonna à Pierre de rengainer son épée, en lui disant : « Quiconque frappe du glaive, du glaive sera frappé. »

Qu’Hébert parle ainsi, je serai le premier à m’écrier : La trésorerie nationale ne peut acheter trop cher de tels numéros ! Poursuis, Hébert ; le divin sans-culotte que tu cites a dit : « Il y aura plus de joie dans le ciel pour un Père Duchesne qui se convertit, que pour quatre-vingt-dix-neuf Vieux Cordeliers qui n’ont pas besoin de pénitence. » Mais tu devrais te souvenir d’avoir lu dans le même livre : « Tu ne diras point, à ton frère, Raca, c’est-à-dire, viédase. Tu ne mentiras point. » Or, comment as-tu pu dire à nos frères les