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citoyen Desenne, je vous prie de soigner la popularité de l’auteur. Oui, c’est vous qui m’avez perdu. Le prix exorbitant du numéro V est cause qu’aucun sans-culotte n’a pu le lire ; et Hébert a eu sur moi un triomphe complet. Encore si la société des Jacobins s’était fait donner lecture de ce numéro V, et avait voulu entendre mon défenseur officieux, comme elle en avait pris l’arrêté ! L’attention et le silence que les tribunes avaient prêté à mes numéros IV et III (ce qui prouve que les oreilles du peuple ne sont pas si hébertistes qu’on le dit, et qu’il aime qu’on lui parle un autre langage et qu’on lui fasse l’honneur de croire qu’il entend le français), la défaveur très peu sensible avec laquelle les tribunes avaient écouté ces deux numéros, annonçaient que la lecture du cinquième numéro me vaudrait une absolution générale : mais apparemment les commis de la guerre n’ont jamais voulu consentir à cette lecture, en sorte que si la société n’avait pas rapporté ma radiation, le déni de justice était des plus criants. Et c’est vous, citoyen Desenne, qui êtes cause que ma popularité a perdu contre Hébert cette fameuse bataille de Jemmapes, ou plutôt c’est ma faute d’avoir fait une si longue apologie. Mes numéros seront plus courts désormais. Je veux surtout être lu des sans-culottes, et être jugé par mes pairs ; et j’exige de vous, quand vous devriez employer un papier bien mauvais, que