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pés et percés aux coudes, comme je me rappelle d’avoir vu Roland et Guadet affecter d’en porter, ni à marcher avec des sabots ; je crois, au contraire, qu’une des choses qui distingue le plus les peuples libres des peuples esclaves, c’est qu’il n’y a point de misère, point de haillons, là où existe la liberté. Je crois encore, comme je le disais dans les trois dernières lignes de mon histoire des Brissotins, que vous avez tant fêtoyée : Qu’il n’y a que la République qui puisse tenir à la France la promesse que la Monarchie lui avait faite en vain, depuis deux cents ans : La poule au pot pour tout le monde. Loin de penser que la liberté soit une égalité de disette, je crois au contraire qu’il n’est rien tel que le gouvernement républicain pour amener la richesse des nations[1]. C’est ce que ne cessent de répéter les publicistes depuis le seizième siècle : Comparez, écrivait Gordon, en se moquant de nos grands-pères, il y a quarante ans, comparez l’Angleterre avec la France, les sept Provinces-Unies, sous le gouvernement des États, avec le même peuple, sous la domination de l’Espagne. Avant Gordon, le chevalier Temple observait, que « le commerce ne fleurit jamais dans un gouvernement despotique, parce que personne n’est assuré de jouir long-

  1. Voir le Discours de la Lanterne où cette idée est déjà exprimée.