Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/489

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 99 —

rent de la Révolution, que signifient ces nouvelles dénominations, d’extrà, d’ultrà-révolutionnaires ? » Je viens d’en donner, je pense, un échantillon. Car enfin, il n’est dit nulle part, dans les instructions sur le gouvernement révolutionnaire, que M. Brigandeau, ci-devant en bonnet carré au Châtelet, maintenant en bonnet rouge à la section, pourra mettre sous son bras, une pendule, parce que la pointe de l’aiguille se termine en trèfle, et dans sa poche mon brevet de pension, parce que ce brevet commençait, comme tous les brevets de pension des quatre-vingt-six départements, par ce mot, Louis, roi, qui se trouve aussi dans tous les livres. Et nous n’avons pas fait la Révolution, seulement pour que M. Brigandeau changeât de bonnet.

Je reviens à mon credo.

Mirabeau nous disait : « Vous ne savez pas que la liberté est une garce qui aime à être couchée (il se servait d’une expression plus énergique) sur des matelas de cadavres ; » mais quand Mirabeau nous tenait ce propos, au coin de la rue du Mont-Blanc, je soupçonne qu’il ne parlait pas ainsi de la liberté dans le dessein de nous la faire aimer, mais bien pour nous en faire peur ; je persiste à croire que notre liberté, c’est l’inviolabilibité des principes de la Déclaration des droits ; c’est la fraternité, la sainte égalité, le rappel sur la terre, ou du moins en France, de toutes les vertus patriar-