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eu mes deux frères mutilés et hachés pour la liberté, qu’est-ce que la guillotine, sinon un coup de sabre, et le plus glorieux de tous, pour un député victime de son courage et de son républicanisme ?

J’ai accepté, j’ai souhaité même la députation, parce que je me disais : Est-il une plus favorable occasion de gloire que la régénération d’un état prêt à périr par la corruption et les vices qui y règnent ? Quoi de plus glorieux que d’y introduire de sages institutions, d’y faire régner la vertu et la justice, de conserver l’honneur des magistrats, aussi bien que la liberté, la vie et la propriété des citoyens, et de rendre sa patrie florissante ? Quoi de plus heureux que de rendre tant d’hommes heureux ? Maintenant, je le demande aux vrais patriotes, aux patriotes éclairés : étions-nous aussi heureux que nous pouvons l’être, même en révolution ?

J’ai pu me tromper ; mais quand même je serais dans l’erreur, est-ce une raison pour qu’Hébert se permette d’appeler un représentant du peuple un conspirateur à guillotiner pour son opinion. J’ai vu Danton et les meilleurs esprits de la Convention, indignés de ce numéro d’Hébert, s’écrier : « Ce n’est pas toi qui es attaqué ici, c’est la représentation nationale, c’est la liberté d’opinion ! et je ne serais pas embarrassé de prouver que, sur ce seul numéro, Hébert a mérité