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sème autour de moi ! Nous savons que des scélérats méditent un 31 mai contre les hommes les plus énergiques de la Montagne. Déjà Robespierre en a témoigné ses pressentiments aux jacobins ; mais, comme il l’a observé, on verrait quelle différence il y a entre les brissotins et la Montagne. Les acclamations que la Convention a recueillies partout sur son passage, le jour de la fête des Victoires, montrent l’opinion du peuple, et qu’il ne s’en prend point à ses représentants des taches que des étrangers se sont efforcés d’imprimer à la nation. C’est dans la Convention, dans le comité de salut public, et non dans Georges et les géorgiens, que le peuple français espère. Mais toutes les fois que, dans une république, un citoyen aura, comme Bouchotte, 300 millions par mois, cinquante mille places à sa disposition, tous les intrigants, tous les oiseaux de proie s’assembleront nécessairement autour de lui. C’est là le siége du mal, et on sent bien que la peste elle-même, avec une liste civile si forte, se ferait mettre au Panthéon. C’est à la Convention à ne pas souffrir qu’on élève autel contre autel. Mais, ô mes collègues ! je vous dirai, comme Brutus à Cicéron : Nous craignons trop la mort et l’exil et la pauvreté. » Nimium timemus mortem et exilium et paupertatem. Cette vie mérite-t-elle donc qu’un représentant la prolonge aux dépens de l’honneur ? Il n’est aucun