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m’assure…, ce qui est certain, ce que tu ne pourras nier, car il y a des témoins, c’est qu’en 1790 et 1791, tu dénigrais, tu poursuivais Marat ; que tu as prétendu, après sa mort, qu’il t’avait laissé son manteau, dont tu t’es fait tout à coup le disciple Élisée, et le légataire universel. Ce qui est certain, c’est qu’avant de t’efforcer de voler ainsi la succession de popularité de Marat, tu avais dérobé une autre succession, celle du Père Duchesne, qui n’était pas Hébert ; car ce n’est pas toi qui faisais, il y a deux ans, le Père Duchesne ; je ne dis pas la Trompette du Père Duchesne, mais le véritable Père Duchesne, le mémento Maury. C’était un autre que toi, dont tu as pris les noms, armes et jurements, et dont tu t’es emparé de toute la gloire, selon ta coutume. Ce qui est certain, c’est que tu n’étais pas avec nous, en 1789, dans le cheval de bois ; c’est qu’on ne t’a point vu parmi les guerriers des premières campagnes de la Révolution ; c’est que, comme les goujats, tu ne t’es fait remarquer qu’après la victoire où tu t’es signalé en dénigrant les vainqueurs, comme Thersite, en emportant la plus forte part du butin, et en faisant chauffer ta cuisine et tes fourneaux de calomnies avec les cent vingt mille francs et la braise de Bouchotte[1].

  1. « On me calomnie, » disait l’autre jour Bouchotte au