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dins usés, ont voulu essayer s’ils ne pourraient pas faire, par la sottise et l’ignorance, cette contre-révolution qu’ils n’avaient pu faire avec tant de gens d’esprit, depuis Malouet jusqu’à Gensonné.

Je n’ai pas besoin de me jeter dans ces recherches. Toi qui me parles de mes sociétés, crois-tu que j’ignore que tes sociétés, c’est une femme Rochechouart, agente des émigrés, c’est le banquier Kocke, chez qui toi et ta Jacqueline, vous passez à la campagne les beaux jours de l’été ? Penses-tu que j’ignore que c’est avec l’intime de Dumouriez, le banquier hollandais Kocke, que le grand patriote Hébert, après avoir calomnié dans sa feuille les hommes les plus purs de la République, allait, dans sa grande joie, lui et sa Jacqueline, boire le vin de Pitt, et porter des toasts à la ruine des réputations des fondateurs de la liberté ? Crois-tu que je n’aie pas remarqué qu’en effet, tu n’as jamais sonné le mot de tel député, lorsque tu tombais à bras raccourcis sur Chabot et Basire ? Crois-tu que je n’aie pas deviné que tu n’as jeté les hauts cris contre ces deux députés que parce que, après avoir été attirés, sans s’en douter peut-être, dans la conspiration de tes ultra-révolutionnaires, bientôt, à la vue des maux qui allaient déchirer la patrie, ayant reculé d’horreur, ayant paru chanceler, ayant combattu même quelques projets de décret, qui n’étaient