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ment et de la note qui y est jointe. Y a-t-il une mauvaise foi plus coupable ? Déjà on ne se reconnaît plus à la montagne. Si c’était un vieux cordelier comme moi, un patriote rectiligne, Billaud-Varennes, par exemple, qui m’eût gourmandé si durement, sustinuissem utique, j’aurais dit : C’est le soufflet du bouillant saint Paul au bon saint Pierre qui avait péché ! Mais toi, mon cher Barère ! toi, l’heureux tuteur de Paméla ! toi le président des Feuillants ! qui as proposé les comités des douze, toi qui, le 2 juin, mettait en délibération dans le comité de salut public si l’on n’arrêterait pas Danton ! toi, dont je pourrais relever bien d’autres fautes, si je voulais fouiller le Vieux-sac, que tu deviennes tout à coup un passe-Robespierre, et que je sois par toi colaphisé si sec ! J’avoue que ce soufflet m’a fait voir trente-six chandelles, et que je me frotte encore les yeux. Quoi ! c’est toi qui m’accuse de modérantisme ! Quoi ! c’est toi, camarade montagnard du 3 juin, qui donne à Camille Desmoulins un brevet de civisme ! Sans ce certificat, j’allais passer pour un modéré. Que vois-je ? Je parle de moi, et déjà dans les groupes, c’est Robespierre même qu’on ose soupçonner de modérantisme. Oh ! la belle chose que ne n’avoir point de principes, que de savoir prendre le vent, et qu’on est heureux d’être une girouette !

Citoyens, remarquez bien tous ceux qui