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faut rompre avec toi ce colloque, et revenir à ma justification.

Il faut que je le répète pour la centième fois, puisqu’on m’en a absous inutilement quatre-vingt-dix-neuf ; il n’est pas vrai de dire que j’ai défendu Dillon ; j’ai demandé qu’on le jugeât ; et n’est-il pas évident que si on pouvait accuser quelqu’un de le défendre, ce serait plutôt ceux qui n’ont pas demandé, comme moi, qu’il fût jugé. Ainsi tombe l’éternelle dénonciation contre Camille Desmoulins. Quel doit être, dans le sac de mon adversaire, le déficit des pièces contre moi, puisqu’ils sont réduits à me reprocher éternellement d’avoir défendu un général à qui on ne peut contester de grands services à la côte de Biesme !

La plus courte justification ennuie. Pour soutenir l’attention, je tâche de mêler la mienne de traits de satire qui ne fassent qu’effleurer le patriote, et percent de part en part le contre-révolutionnaire déguisé sous le rouge bonnet que ma main jette à bas. Au sortir de la Convention, je retourne au Vieux Cordelier ; et, selon que je suis affecté de la séance, une teinte de gaieté ou de tristesse se répand sur la page que j’écris, et sur ma correspondance avec mes abonnés. Barère aujourd’hui a rembruni mes idées, et mon travail de ce soir se sentira de ma mélancolie.