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pour faire tête à l’aristocratie, canonnant et livrant des batailles autour des frontières, et au faux patriotisme, ou plutôt à la même aristocratie, plus lâche, cabalant et intrigaillant dans l’intérieur. J’ai eu le tort, et on m’a fait le reproche juste, d’avoir écouté l’amour-propre blessé, et d’avoir pincé trop au vif un excellent patriote, notre cher Legendre : je veux montrer que je ne suis pas incorrigible, en renonçant aujourd’hui à des représailles bien légitimes. J’avertis seulement Collot d’être en garde contre les louanges perfides et exclusives, et de rejeter avec mépris, comme a fait Robespierre, celles de ce Père Duchesne, des lèvres de qui tout Paris a remarqué qu’il ne découlait que du sucre et du miel, qui n’avait que des joies, dont les jurements même étaient flûtes et doucereux, depuis le retour de Danton, et qui, tout à coup, à l’arrivée de Collot d’Herbois, reprend ses moustaches, ses colères, et ses grandes dénonciations contre les vieux cordeliers et ne craint pas de s’écrier indiscrètement : Le géant est arrivé, il va terrasser les pygmées. La publicité de ce mot qui ne pourrait point dépopulariser, mais seulement ridiculiser celui qui en est l’objet, s’il n’avait pas désavoué cette flagornerie d’Hébert qui cherche à se retirer sous le canon de Collot ; cette publicité sera la seule petite piqûre d’amour-propre à amour-propre, que je me permettrai de faire à mon collègue. Je