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quence naturelle, tandis que ses dogmes politiques restent invariables, ses opinions sur les hommes varient singulièrement. L'écrivain qui a des principes bien arrêtés, s'il se tient dans les théories générales, risque peu de se contredire ; pour celui qui s'occupe des hommes plus que des théories, les contradictions sont inévitables, surtout dans les temps d'agitations publiques. Les révolutions usent bien vite les hommes : la plupart n'ont qu'une certaine somme d'énergie et de dévoùment, qu'ils ont bientôt dépensée. L'attrait du repos, l'enivrement du pouvoir, souvent la corruption, ontpromptement raison de ces activités si résolues, qu'au moral comme au physique la lutte de chaque jour finit par épuiser. Tel qui commença avec toute la candeur de l'enthousiasme le plus sincère, finit dans les turpitudes de la rouerie politique. D'autres s'arrêtent en route éteints et fatigués. Il y a là, je crois, la source de plus d'une injustice historique : on néglige de distinguer deux périodes dans la vie de ces hommes ; l'épuisement ou l'avilissement de leur caractère à la fin de leur carrière, fait naître des doutes immérités sur la sincérité de leurs premières ardeurs : la fin de leur vie calomnie leurs commencements.

Ces revirements, si soudains, si fréquents, chez les hommes qui ont marqué dans l'histoire de notre révolution, ces changements,