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majesté, sous la république, se réduisaient à quatre sortes : si une armée avait été abandonnée dans un pays ennemi ; si l’on avait excité des séditions ; si les membres des corps constitués avaient mal administré les affaires et les deniers publics ; si la majesté du peuple romain avait été avilie. Les empereurs n’eurent besoin que de quelques articles additionnels à cette loi pour envelopper et les citoyens et les cités entières dans la proscription. Auguste fut le premier extendeur de cette loi de lèse-majesté, dans laquelle il comprit les écrits qu’il appelait contre-révolutionnaires[1]. » Sous ses successeurs, et bientôt les extensions n’eurent plus de bornes. Dès que des propos furent devenus des crimes d’État, de là il n’y eut qu’un pas pour changer en crimes les simples regards, la tristesse, la compassion, les soupirs, le silence même.

« Bientôt ce fut un crime de lèse-majesté ou de contre-révolution à la ville de Nursia, d’avoir élevé un monument à ses habitants, morts au siége de Modène, en combattant cependant sous Auguste lui-même, mais parce

  1. Je préviens que ce numéro n’est, d’un bout à l’autre, qu’une traduction littérale des historiens. J’ai cru inutile de le surcharger des citations. Toutefois, au risque de passer pour pédant, je citerai, parfois, le texte, afin d’ôter tout prétexte à la malignité d’empoisonner mes phrases, el de prétendre ainsi que ma traduction d’un auteur mort il y a quinze cents ans est un crime de contre-révolution.
    Note de Desmoulins.