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l’essence de la monarchie. Les vices, les pirateries et les crimes qui sont la maladie des républiques, sont la santé des monarchies. Le cardinal de Richelieu l’avoue dans son testament politique, où il pose en principe, que le roi doit éviter de se servir des gens de bien. Avant lui, Salluste avait dit : « Les rois ne sauraient se passer des fripons, et, au contraire, ils doivent avoir peur et se méfier de la probité. » Ce n’est donc que dans la démocratie que le bon citoyen peut raisonnablement espérer de voir cesser le triomphe de l’intrigue et du crime ; et pour cela le peuple

    93 un peu dur ; il leur conte la Terreur de Tibère et de Domitien ; elle ressemble si fort à la nôtre, que cette apologie paraît ce qu’elle est, une satire.

    (Michelet, Rév. fr., t. VII.)

    Pour que le troisième numéro du Vieux Cordelier devînt une arme empoisonnée aux mains des ennemis de la Révolution, il suffisait qu’on pût dire avec un certain degré de vraisemblance, que c’était bien son règne que Camille, s’abritant sous une grande ombre, avait entendu décrire. Et ce danger l’ignorait-il ? Non, puisqu’il protestait d’avance contre les rapprochements que la malignité trouverait entre celui où il vivait et celui dont il avait emprunté le tableau à Tacite. Aussi qu’arriva-t-il ? Que l’apparition de ce troisième numéro, le 25 frimaire, fut le signal d’un immense scandale. Tous les contre-révolutionnaires battirent des mains, tous affectèrent de répandre que Camille Desmoulins venait de tracer l’histoire de son époque ; sans le vouloir le généreux, mais téméraire écrivain avait, en rendant l’espoir à l’innocence, servi les calculs de la haine.

    (L. Blanc, Rév. fr., t. X.)