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chez l'autre, c'est encore là une délicatesse littéraire, un raffinement, une aversion de savants pour le style convenu des cours et des académies ? Je veux bien croire que les opinions politiques des deux écrivains ont un peu influé en ce point sur leur goût ; mais il est évident que l'emploi du langage populaire, très naturel chez Desmoulins, un peu forcé chez Courrier, piquera et réveillera bien plus un esprit blasé et fatigué des prétendues convenances littéraires, que ceux-là même qui retrouvent là leur langage habituel, et par conséquent y font peu d'attention. Le ton paysan de Courrier était plutôt destiné à chai mer ses amis de Paris que ceux de la Chavonnière : l'odeur du foin et les déjeuners de pain bis sont choses ravissantes pour les gens de la ville ; on est charmé d'être paysan une fois pai hasard ; quant aux vrais paysans, il est à croire qu'ils apprécient beaucoup moins le charme de tout cela.

Un des côtés du talent de Desmoulins qui plaît malheureusement à tout le monde, surtout en France, c'est l'invective directe, la personnalité railleuse. En général il ne se perd guère dans les discussions théoriques ; l'escrime vive, agile, toujours prête à la riposte, la polémique personnelle, c'est là qu'il triomphe ; et nous devons le confesser, trop souvent la prévention l'aveugle, la médisance de\ient calomnie. De là aussi, par une consé-

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