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Robespierre, dans un premier discours dont la Convention a décrété l’envoi à toute l’Europe, a soulevé le voile. Il convenait à son courage et à sa popularité d’y glisser adroitement, comme il a fait, le grand mot, le mot salutaire, que Pitt a changé de batteries ; qu’il a entrepris de faire, par l’exagération, ce qu’il n’avait pu faire par le modérantisme, et qu’il y avait des hommes, patriotiquement contre-révolutionnaires, qui travaillaient à former, comme Roland, l’esprit public et à pousser l’opinion en sens contraire, mais à un autre extrême, également fatal à la liberté. Depuis, dans deux discours non moins éloquents, aux jacobins, il s’est prononcé, avec plus de véhémence encore, contre les intrigants qui, par des louanges perfides et exclusives, se flattaient de le détacher de tous ses vieux compagnons d’armes, et du bataillon sacré des cordeliers, avec lequel il avait tant de fois battu l’armée royale. À la honte des prêtres, il a défendu le Dieu qu’ils abandonnaient lâchement. En rendant justice à ceux qui, comme le curé Meslier, abjuraient leur métier par philosophie, il a mis à leur place ces hypocrites de religion qui, s’étant faits prêtres pour faire bonne chère, ne rougissaient pas de publier eux-mêmes leur ignominie, en s’accusant d’avoir été si longtemps de vils charlatans, et venaient nous dire à la barre :

Citoyens, j’ai menti soixante ans pour mon ventre.