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rat, il ne peut y avoir que délire et extravagances, et qu’au delà de ses motions il faut écrire comme les géographes de l’antiquité, à l’extrémité de leurs cartes : Là, il n’y a plus de cités, plus d’habitations ; il n’y a que des déserts et des sauvages, des glaces ou des volcans. Aussi, dans ces deux occasions, Marat, qui ne manque point de génie en politique, et qui a vu d’abord où tendaient ces pétitions, s’est-il empressé de les combattre ; et il n’a eu besoin que de quelques mots, et presque d’un signe de tête, pour faire retirer aux tribunes leurs applaudissements. Voilà, concluais-je, le service immense que lui seul, peut-être, est en mesure de rendre à la République. Il empêchera toujours que la contre-révolution ne se fasse en bonnets rouges, et c’est la seule manière possible de la faire. »

Aussi, depuis la mort de ce patriote éclairé et à grand caractère, que j’osais appeler, il y a trois ans, le divin Marat, c’est la seule marche que tiennent les ennemis de la République ; et j’en atteste soixante de mes collègues ! Combien de fois j’ai gémi, dans leur sein, des funestes succès de cette marche ! Combien de fois, depuis trois mois, je les ai entretenus, en particulier, de mes frayeurs qu’ils traitaient de ridicules, quoique depuis la Révolution sept à huit volumes déposent en ma faveur que si je n’ai pas toujours bien connu les personnes, j’ai toujours bien jugé les événements ! Enfin,