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pouvoirs, les fonctions législatives et les fonctions judiciaires. Il faut bien que ceux qui ont le plus rebattu nos oreilles des dangers de cette cumulation de pouvoirs, ou se moquassent de notre simplicité de croire qu’ils respectaient ces limites, ou ne s’entendissent pas bien eux-mêmes. Car est-ce que les Assemblées constituante et législative n’ont pas fait cent fois elles-mêmes les fonctions de juges, soit en anéantissant la procédure du Châtelet et de tant d’autres tribunaux, soit en décrétant sur un si grand nombre de prévenus, qu’il y avait ou qu’il n’y avait lieu à accusation ? Renvoyer d’accusation Mirabeau ou Philippe-Égalité, ou envoyer Lessart à Orléans, n’était-ce pas faire les fonctions de juges ? J’en conclus que ces pondérateurs, comme Mirabeau les appelait, qui parlent sans cesse d’équilibre et de balancement de pouvoirs, ne croient pas eux-mêmes à ce qu’ils disent. Est-ce qu’on peut contester, par exemple, que la nation, puisqu’elle exerce la toute-puissance de la souveraineté, ne cumule pas tous les pouvoirs ? Est-ce qu’on peut contester que la nation ne puisse déléguer, à son gré, telle portion de ses pouvoirs, et à qui bon lui semble ? Est-ce qu’on peut nier que la nation nous ait revêtus, ici, cumulativement de ses pouvoirs, et pour juger Louis XVI et pour faire la Constitution ? On peut parler de l’équilibre des pouvoirs, et de la nécessité de le