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état de révolte contre la nation, et un criminel digne de mort, comme roi, même comme roi constitutionnel ; et les Français n’ont pas plus besoin de lui faire le procès qu’Hercule au sanglier d’Érymante, ou les Romains à Tarquin ou à César, qui se croyait aussi un dictateur constitutionnel.

Mais ce n’est pas seulement un roi, c’est un criminel chargé de forfaits, que nous avons à punir en sa personne.

N’attendez pas de moi que je me livre à une exagération outrée, que je le qualifie de Néron, comme j’ai entendu faire à ceux qui ont opiné le plus favorablement pour lui. Je sais que Louis XVI avait des inclinations de tigre ; et si nous exercions ces jugements que Montesquieu appelle des jugements de mœurs comme celui de l’aréopage, condamnant à mort un enfant pour avoir crevé les yeux à un oiseau ; si nous avions un aréopage, il eût pu cent fois condamner cet homme comme déshonorant l’espèce humaine par les caprices de ses folles cruautés. Mais puisque ce n’est point les faits de sa vie privée, mais les crimes de son règne que nous jugeons, il faut avouer que cette longue suite d’accusations contre Louis que nous ont présentées notre Comité et nos orateurs, en le rendant mille fois digne de mort, n’offriront point pourtant à la postérité les horreurs du règne de Néron, et présentent plutôt les crimes des constituants,