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Victima haud ulla amplior,
Potest, magisque opima, mactari Jovi,
Quam rex… iniquus.

La différence qu’il y avait entre ces jours de l’esclavage et de la liberté, c’est que du temps de Jules César, le poëte disait : « L’offrande la plus agréable à Jupiter est la tête d’un roi, » et qu’alors ils étaient obligés de dire d’un roi coupable. Mais du moins, même sous les empereurs, même du temps de Néron, n’a-t-on osé mettre en question si un roi pouvait être jugé sur ses crimes.

N’imprimons donc point cette tache au nom français et à la génération présente de la ravaler au-dessous des esclaves de Néron et de Caligula. C’est déjà une assez grande tache pour la France, que quinze siècles se soient écoulés avant que l’on y ait reconnu, comme à Rome et dans la Grèce, que le nom seul de roi était un crime : ne souillons point du moins notre histoire par un privilége d’inviolabilité qui n’exista jamais ; j’en atteste Louis XIV lui-même et son édit célèbre de 1667, où, tout despote qu’il fût, il s’exprimait ainsi dans le préambule :

« Qu’on ne dise point que le monarque n’est point sujet aux lois de son État. La proposition contraire est une vérité du droit des gens que la flatterie a quelquefois attaquée, mais que les bons princes ont toujours défendue