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pions faisaient chorus ; tous les honnêtes gens et la foule se taisaient. La séance dura trente-cinq minutes. Le roi annula tout ce qu’avait fait le tiers, jeta une pomme de discorde entre les trois ordres, proposa 53 articles d’un édit artificieux où il feint d’accorder une partie de ce que demandent les cahiers ; il finit par dire : Point de remontrances, et leva la séance. Les nobles applaudirent, une bonne partie du clergé en fit autant. Le plus morne silence dans le tiers état. Les deux ordres sortirent, à l’exception de trente ou quarante députés qui restèrent avec le tiers. Il était onze heures. Le tiers demeura assemblé jusqu’à trois heures. Il protesta, confirma les délibérations du 17, et annula tout ce qui venait d’être fait. M. de Brézé vint leur dire de se séparer : « Le roi, dit Mirabeau, peut nous faire égorger ; dites-lui que nous attendons tous la mort ; mais qu’il n’espère pas nous séparer que nous n’ayons fait la Constitution. » M. de Brézé vint une seconde fois ; même réponse, et ils continuèrent leurs délibérations. Ils déclarèrent par un second arrêté leurs personnes sacrées et inviolables ; par un troisième arrêté, ils déclarèrent qu’ils ne pouvaient obéir à la volonté du prince, et décrétèrent d’ouvrir toujours à la nation la porte de l’Assemblée. En un mot, tous ont montré une fermeté romaine et sont décidés à sceller de leur sang